Disons le d’emblée : le plaisir de retrouver l’univers de Mektoub est immense. En rupture totale avec Intermezzo, à la limite de la transe, Canto due est d’une efficacité assez hallucinante. Le choc des cultures entre un couple américain stéréotypé actrice / producteur plus âgé, et la famille d’Amin, permet à Kechiche de redéployer l’un de ses thèmes de prédilection : la création, à l’aune des dynamiques de pouvoir néo colonial. Car l’actrice et son mari de producteur se comportent avec Amin et son entourage comme s’il s’agissait de leur petit personnel. Dans le cas d’Amin, ce néo colonialisme se double de la domination qu’exerce le ponte hollywoodien sur un jeune auteur français néophyte. Mais là où Canto due est sûrement le plus fascinant, c’est dans la façon dont il déplace l’autre grande thématique du cinéma de Kechiche : la chair et le désir qu’elle suscite. Canto due est vissé aux visages des actrices et des acteurs, tous fabuleux. Le regard de Kechiche sur ces visages, ce qu’ils expriment, cachent, ou refoulent est d’une beauté fulgurante. Passionnant et sublime, le film est aussi très ludique dans les jeux de correspondance qu’il entretient avec les films précédents.
Retrouvez deux séances les 8 et 11 décembre de Mektoub my love : Canto Uno (2016. 2h55)